Dix-huit militants pacifistes arrêtés à Bruxelles

C’est évidemment moins spectaculaire que les « désordres » de ces derniers jours dans la capitale. Moins « rentables » pour les médias et moins sexy pour les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs et internautes en tous genres. Rappelons donc que ce jeudi 23 novembre, des militants d’Agir pour la Paix et de Vredesactie ont perturbé la conférence annuelle de l’Agence européenne de défense (AED) au cours de laquelle quatre cents marchands d’armes, lobbyistes et décideurs se sont retrouvés pour débattre de l’avenir de la défense européenne.

La conférence devait se dérouler à huis clos, à l’abri des critiques citoyennes. «Nous refusons d’externaliser notre sécurité à l’industrie de l’armement, a expliqué l’un des militants. Cela ne fera que conduire à plus d’exportations d’armes, plus de violence, plus de guerre». La police a procédé à 18 arrestations administratives.

L’AED a invité en 2016 près de trois cents représentants de l’industrie de la défense. «Il s’agit d’une agence européenne officielle financée par des fonds publics, a expliqué Bram Vranken de l’organisation néerlandophone Vredesactie. L’AED ne devrait pas répondre à l’industrie de l’armement mais devrait plutôt rendre des comptes aux citoyens européens.»

Le lobby de l’armement occupe une position influente au sein de l’UE: en 5 ans, l’ensemble du budget annuel investi dans le lobbying par les dix premières compagnies d’armement européennes a doublé, passant de 2,8 millions€ à 5,6 millions€, ce qui prouve son efficacité… Certaines propositions faites par la Commission européenne ont été presque littéralement copiées-collées des recommandations faites par ces lobbies. Ni la société civile ni le Parlement européen n’a bénéficié d’une participation substantielle à ces décisions de grande portée.

La semaine précédente,  le Conseil européen avait donné le coup d’envoi de la coopération structurée permanente (PESCO), censée compléter l’OTAN. Les 23 pays participants se sont engagés à dépenser davantage pour la défense et l’achat de matériel militaire. Au sein de PESCO, il existe un fonds européen de défense estimé à 40 milliards d’euros, destiné à la recherche et au développement de nouveaux armements.

Tout cela évidemment au nez et à la barbe des citoyens, de leurs représentants politiques et du monde associatif.

Dès que l’on parle de la Belgique en guerre, capitulation générale sur tous les fronts. À l’exception des champs de bataille où nos bombardiers et nos instructeurs militaires profitent de l’unanime silence des pantoufles.

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