« Des photos chocs mais rien ne bouge. » C’est vrai ?

Embarras de la circulation
sur mer, sur terre… et à Bruxelles

Sur des plages de rêve – ou supposées telles – des touristes européens croisent de curieux spécimens exotiques. Errants, dépenaillés, naufragés. Des réfugiés en un mot. Dans nos « eldorados » en crise se succède la cavalcade des fêtes, festivals et autres joyeux cortèges croisant le défilé des manifs et protestations en tous genres. Aujourd’hui ce sera à nouveau le tour des agriculteurs en colère.

Drôle de monde…

« L’Europe ne peut accueillir toute la misère du monde »…
mais elle doit cesser de la provoquer et de l’aggraver !

La solidarité s’invite aussi, et souvent de façon tapageuse, aux fêtes à répétition. Beaucoup moins nombreux sont les actes concrets. Sous le coup d’une émotion fortement médiatisée, des gestes d’accueil se multiplient. Mais beaucoup plus rares sont les citoyens qui s’interrogent sur les causes profondes de ces drames, de ces guerres, de ce chaos généralisé alors que, face à un problème mal posé, il n’existe pas de solution.
Dans une récente édition de L’Avenir, Nancy Marchand constatait : « Des photos chocs mais rien ne bouge. Il y a toujours des gens qui meurent de faim et il y a toujours la guerre dans le monde ».
A quand des actes responsables et opérants ? Deux mots indissociables, et à placer dans le bon ordre. Mais parler de nos responsabilités, c’est encore plus inconfortable que de croiser des naufragés sur une plage de rêve. (*)

Encore et toujours la stratégie du chaos !

Depuis les guerres de représailles au fameux 11 septembre – et bien avant déjà -, nous avons prêté main-forte à nos alliés étasuniens à travers de multiples interventions militaires au Moyen Orient et ailleurs, jusqu’aux performances toujours actuelles de nos F16 bombardant l’Axe du Mal. Punitions collectives provoquant des guerres interminables et fratricides dans le « camp adverse », enrageant davantage les plus enragés, et poussant des foules d’innocents à l’exode, hordes d’envahisseurs illégaux et menaçants, comme les perçoivent encore aujourd’hui la plupart de nos concitoyens…
Des hécatombes en série qui remontent bien plus haut dans l’Histoire d’une Europe qui n’en finit pas de commémorer ses guerres comme autant d’épopées, qu’elles soient napoléoniennes, 14-18èmes ou otaniennes… après l’abomination de 40-45.
Des hécatombes en série, oui, sans compter les victimes de la guerre économique et d’un colonialisme multiséculaire… Heureuse époque où les Européens pouvaient s’installer sur tous les continents sans passeports, ni droit de séjour, ni permis de travail, rien que par la force des armes. Les seuls Africains qui émigraient alors, c’était ce bétail humain que nos navires négriers transportaient aux Amériques pour contribuer au boom économique assurant pour longtemps l’hégémonie européenne.

Plus de quarante pays coalisés aujourd’hui pour la guerre

Et, pendant ce temps-là, combien de coalisés pour la Paix ?

« Les puissances de l’OTAN sont impliquées depuis plus de 35 ans dans des guerres, à commencer par celle orchestrée par la CIA afin de renverser le gouvernement pro-soviétique en Afghanistan où elle s’était alliée aux forces islamistes de Bel Laden et d’autres fondateurs d’Al Qaïda. »
Propagande anti-occidentale?… C’est le magazine numérique IHS. Un regard catholique sur le monde qui nous rappelle les interventions successives de nos gouvernements dans ces conflits guerriers. Et qui conclut : « Les conséquences terribles, sur des décennies, de ces guerres s’étendent à l’Europe, avec la fuite de centaines de milliers de réfugiés qui quittent des pays transformés en charniers. On en voit les prémices aujourd’hui et pourtant lesdits gouvernements continuent à reproduire inlassablement les mêmes actions qui comme le veut le principe de causalité, vont engendrer les mêmes effets. »

http://www.ihsnews.net/guerres-au-moyen-orient-et-afflux-de-refugies-lorsque-loccident-reproduit-la-chute-de-rome/

Un « Paris 2015 » qui va nous sauver ?

Ce n’est pourtant pas l’expérience de la violence et de ses fruits pourris qui manque à l’humanité. Pourtant il paraît qu’il faut être patient, que le monde ne s’est pas fait en un jour, etc. Mais pour les progrès de la science et de la technologie au service de l’Économie souveraine, rien n’est jamais trop beau, trop cher, trop pressé… pour aggraver les menaces qui pèsent sur la planète. Paris s’annonce déjà comme un nouveau Sommet mondial de l’Inertie et de la Gabegie au vu des sordides calculs politiques et économiques qui se dévoilent un peu plus chaque jour.
Alors que des citoyens de bonne volonté s’attellent à des solutions concrètes, à leur modeste mesure certes, les grands de ce monde, disposant d’un potentiel de moyens infiniment plus efficaces, laissent les multinationales gouverner le monde en toute impunité en raison d’une collusion inhérente au système dominant. D’où la tentation de certains citoyens, accablés par cette réalité, de se réfugier dans des initiatives de repli, allant d’alternatives groupusculaires, encore porteuses de sens, jusqu’aux conversions individuelles à des sophrologies de plus en plus nébuleuses.

Les mouvements citoyens protestataires n’ont pourtant pas manqué. Sans remonter à Mai 68 et à ses diverses déclinaisons hors Europe, ces dernières années ont vu se succéder des courants marquants allant des Altermondialistes aux Printemps arabes en passant par les Indignés, Occupy Wall Street et une multitude d’alternatives assumées par des activistes bien résolus à changer le monde. Qu’est-ce qui a manqué jusqu’ici (car les mouvements rebelles remontent bien avant Mai 68!) pour faire barrage à l’emprise de l’ultralibéralisme triomphant, allant jusqu’à contaminer les partis et les mouvements les plus progressistes?
On peut se contenter d’une réponse anthropologique et intemporelle sur la nature profonde de l’homme, sur son esprit de domination et sa violence constitutive compromettant jusqu’aux idéaux les plus éminents.
Réponse réductrice et démobilisatrice.
Ce constat devrait être, au contraire, une raison de plus de se coaliser de façon bien plus volontariste entre gens de bonne volonté – ce que sont aussi la plupart des humains – pour enrayer cette mécanique d’autodestruction qui, à l’exemple du nazisme et de ses copies réactualisées, emporte dans sa déferlante la masse des braves citoyens tout autant que l’élite morale et intellectuelle des nations réputées les plus civilisées.

Plus facile à dire qu’à faire, oui ! Mais les bonnes graines sont là. Comment assurer, au-delà d’une furtive germination, la seule vraie croissance qui nous permettra de vraiment croître en humanité, au-delà des discours et des rêves ?

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