« Stop aux immigrés ! »
C’est ce cri de colère que des continents entiers auraient pu clamer durant des siècles face à l’invasion européenne. Nous sommes entrés par dizaines de millions aux Amériques, en Afrique, en Asie. Sans aucun besoin de visa, ni de permis de séjour, ni de permis de travail. Rien que par la force des armes ! Des peuples entiers ont disparu dans l’aventure coloniale. Sans parler de la déportation outre atlantique de quelque 20 millions d’esclaves africains… Des richesses incalculables ont été dérobées à ces continents. Et continuent de l’être par d’autres armes, celles de la guerre économique.
Mais voici que l’Europe est aujourd’hui concurrencée par des puissantes émergentes auxquelles nous avons inculqué avec tant de succès notre modèle de développement axé sur une compétition effrénée et un besoin de croissance sans limites. Nos intérêts commerciaux restent toutefois protégés par des élites locales que nous appuyons à travers un système de corruption de plus en plus sophistiqué. Et les victimes de cette nouvelle lutte des classes, des castes, des races – comme on voudra ! – n’ont plus souvent d’autres choix que l’exode au risque de leur vie ou de cruelles désillusions lorsqu’ils réussissent à atteindre nos pays qu’ils considèrent toujours comme des eldorados.
« La Méditerranée ne doit pas devenir un grand cimetière ! » clamait récemment le Pape à Strasbourg. Il n’empêche : l’Europe-forteresse, avec la progression de ses partis xénophobes et anti-immigration, se consolide jour après jour. Les partis et mouvements progressistes, eux, ont fort à faire avec leur combat pour le maintien des acquis sociaux. C’est bien là le paradoxe qu’un parti d’extrême droite comme le FN en France présente un programme qui coïncide à 80 % dans ses effets pratiques avec celui de la gauche radicale ! Pas plus en 2014 qu’en 1914, semble-t-il, l’Internationale prolétarienne ne peut empêcher l’égoïsme sacré des États-nations d’aller à l’affrontement.
Le 18 décembre, l’occasion d’un sursaut ?
Rappelons que la Journée internationales des Migrants, instituée par les Nations Unies le 18 décembre, a pour but d’attirer notre attention sur la situation de ces populations déplacées, victimes du nouvel Ordre mondial que la loi du profit à tout prix, guerres incluses, fait régner sur la planète : mais la fin de la phrase (autrement dit les causes profondes du fait migratoire) est pudiquement omise par la plupart des instances officielles !
Ce sera pour la Coluxam (Coordination luxembourgeoise Asile et Migrations) l’occasion d’organiser une rencontre de douze heures entre nos concitoyens et les réfugiés du Centre d’accueil d’Herbeumont dans l’espoir de déboucher, grâce à ce coude-à-coude fraternel, sur de meilleures conditions d’accueil et une plus grande compréhension de la dynamique migratoire, de ses causes, de nos réponses.
Invitation ci-dessous.
Osons sortir de nos tranchées !
Décembre 1914.
Les soldats des deux camps font une trêve et sortent de leurs tranchées pour fraterniser l’espace d’un jour, celui de Noël.
Décembre 2014.
Cent ans plus tard, sortons de nos tranchées culturelles, du fossé des a priori qui se creuse un peu plus chaque jour entre « nous » et les « étrangers », entre les « étrangers » et « nous ».
On s’apercevra alors qu’on fait partie du même camp : celui des humains qui veulent vivre simplement, dans la dignité et la paix.
Ici, là-bas……
Le vivre ensemble est possible si on ne se braque pas sur quelques extrémistes qui veulent bâtir des murs et en découdre. C’’est malheureusement ce qui se passe actuellement.
A nous, citoyens, de refuser cela parce que nous savons qu’un autre monde est possible. Le meilleur moyen, c’est la rencontre, l’échange de points de vue.
C’est ce que la Coluxam vous propose le 18 décembre, à Herbeumont, au Centre d’’accueil de la Croix-Rouge, dans le cadre de la journée Internationale des Migrants.