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Que faire face à tant de barbarie ?

Ce titre, la Colupa l’avait déjà placé en tête du document diffusé lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Il pourrait resservir tel quel aujourd’hui. Le texte qui suit est d’ailleurs extrait de ce document auquel nous avions donné alors une large diffusion. Cinq ans plus tard, rien de neuf sous le soleil Paris est de nouveau victime d’attentats. Nice aussi ce jeudi 29 octobre 2020… Des crimes commis par des psychopathes ou des fous de Dieu (c’est pareil) qui ne supportent aucune atteinte à la dignité de leur prophète ou qui estiment qu’il est juste de venger de cette manière les victimes de nos interventions guerrières dans le monde arabo-musulman. Et pour toute réponse qu’entendons-nous ? « C’est la France qui est attaquée« . C’est du moins l’avis du président Macron. L’Église de France, elle, a fait preuve de plus de retenue (des musulmans ont d’ailleurs été parmi les premiers à se recueillir aux abords du sanctuaire). La République laïque se voudrait-elle « plus catholique que le Pape »? Pour quelles raisons, au fait ?…

Extrait de la déclaration de la Colupa suite aux attentats du 13/11/2015 à Paris (texte intégral)

Nous savons que la solution violente à un conflit n’est jamais une « solution », mais la cause de nouveaux conflits à perte de vue. C’est ce que l’Histoire nous démontre depuis des millénaires, et singulièrement depuis les guerres mondiales du 20e siècle, déclenchées par des pays européens hautement civilisés et qui ont abouti au comble de l’horreur et de la barbarie. Elles se prolongent aujourd’hui à travers une « stratégie du chaos » aux dimensions mondiales. Laquelle ne profite finalement à personne, si ce n’est au trust militaro-industriel et aux intérêts mercantiles des multinationales qui, elles, ne connaissent ni frontières, ni alliés, ni ennemis, ni bons, ni méchants, obéissant uniquement à cette économie du profit-à-tout-prix qui, de plus en plus, nous tient lieu de gouvernance.

En tant que coalition provinciale, reliée à d’autres mouvements de paix au niveau national et international, nous faisons nôtre la déclaration du 17 novembre 2015 publiée par le M.A.N. (Mouvement pour une Alternative non-violente) qui a son siège à Paris. Nous appuyant sur les grandes lignes de ce document, nous nous inclinons devant les victimes de toutes les formes de violence, qu’elles soient désignées sous le terme d’attentats ou de guerres.

Nous avons une pensée toute spéciale pour les innombrables vies assassinées depuis plusieurs années en Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Nigéria, Cameroun, et tant d’autres pays à travers le monde, enfants, femmes et hommes, victimes de la folie meurtrière des humains. Nous pensons aussi à l’immense foule de celles et ceux qui fuient leur pays et que l’Europe a tant de mal à accueillir.

Dans un monde devenu complexe, les choix faits depuis plusieurs dizaines d’années par nos dirigeants politiques successifs doivent nous amener à nous interroger sérieusement :

  • Faut-il continuer à privilégier une économie qui profite d’abord aux plus riches, chez nous et ailleurs sur la planète, aux dépens de l’avenir du quotidien des plus pauvres, ici et là-bas ?
  • Faut-il poursuivre une politique de défense qui s’appuie entre autres sur des armes nucléaires coûteuses et inefficaces, bien camouflées en Belgique dans les silos de la base aérienne de Kleine-Broghel ?
  • Faut-il continuer à fermer les yeux sur les ventes d’armes à des pays peu soucieux des droits de leurs peuples, aux dépens d’une politique contribuant à l’amélioration de la vie de tous les citoyens dans les domaines de la santé et de l’éducation ?
  • Faut-il continuer à considérer la plupart des pays d’Afrique et d’Asie comme des terres peuplées d’hommes et de femmes moins dignes que nous de vivre décemment et de cultiver des terres dont nous exploitons le sous-sol par multinationales interposées au mépris à la fois de la vie et du développement de ces peuples et de l’avenir écologique de notre planète ?
  • Faut-il poursuivre une politique qui donne la priorité au « tout sécuritaire » aux dépens de l’élaboration d’une politique favorisant la construction du « vivre ensemble » ?

Face à ce qui s’est passé à Paris – et dans bien d’autres villes à travers le monde – il est grand temps d’examiner ces questions et d’y apporter des réponses appropriées et réfléchies. À moins de considérer la guerre comme une fatalité, et donc les êtres humains comme des citoyens incapables et irresponsables, il nous faudra bien trouver les moyens de convaincre nos dirigeants, nationaux et européens, de la nécessité d’entendre la voix de ceux et celles qui, dans la société civile, ici et à travers le monde, proposent et mettent déjà en œuvre des solutions permettant la construction d’un monde plus respectueux de l’humain et de notre environnement. (Fin du document).

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Cinq ans plus tard, y a-t-il un seul mot que nous devrions changer à cette déclaration ? Hélas, non ! L’histoire ne cesse de se répéter. Serons-nous donc toujours condamnés à la subir ? Malgré tous ces « Plus jamais ça » que nous allons encore entendre bientôt à l’occasion des commémorations du 11 novembre.