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À Paris et ailleurs, la guerre de l’Espace n’est plus une fiction !

Nous rappelions dans notre précédent message que la France et l’Allemagne venaient de se mettre d’accord pour la construction d’un super-bombardier capable de prouesses encore jamais vues, destiné à remplacer le Rafale ou l’Eurofighter d’ici 2040. Et en guise de conclusion : « En voilà du moins qui se moquent bien d’ennemis aussi nébuleux que la pollution atmosphérique ou le réchauffement climatique !« 

Enchaînons avec le spectacle non moins édifiant qui nous a été offert le 14 juillet à Paris lors du défilé des « forces vives » de la nation, constituées à 90 % de troupes et d’engins destinés à… semer la mort. Avec une donnée nouvelle annoncée par le président Macron et adressée à toute l’Europe : « Pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’Espace sera créé en septembre au sein de l’armée de l’Air qui deviendra à terme l’armée de l’Air et de l’Espace ». En guise d’illustration, était apparu un peu plus tôt dans le ciel parisien un soldat volant armé d’une mitraillette caracolant au dessus de la foule tel un un ange exterminateur !

Dans le même temps des gilets jaunes, débarrassés de leur tenue d’apparat et sans armes, réussissaient une fois de plus à semer la pagaille. C’en était presque réconfortant le contraste entre le raz-de-marée des différents corps d’armées, forces de l’ordre, chars d’assaut, hélicoptères, avions, drones et autres merveilles du génie humain exhibant sa toute-puissance destructrice… et ces quelques humains plutôt dépenaillés, capables de défier une marée de robots obéissant aux ordres éructés par leurs commandants, à travers le son lancinant des clairons et trompettes.

Vision en partie trompeuse… Et qui, habilement exploitée, servira surtout à célébrer la tolérance et les vertus tant vantées de nos régimes démocratiques. Le fait est qu’elles nous offrent encore aujourd’hui, ces démocraties mal en point, quelques « sorties de secours ». En profiterons-nous ? Au lieu de céder à cette résignation de plus en plus fréquente ou à la consolation des plaisirs carnavalesques et festivaliers sans fin ? Qui parlait du syndrome du Titanic ? En tout cas, dérivatifs – le mot prend ici tout son sens – qui permettent notamment aux partisans de l’Extrême-droite et aux nostalgiques de l’Ordre Nouveau (vieux comme le monde) de peaufiner tout à l’aise leurs noirs desseins à répétition…

Mais ces tristes sires sont-ils encore vraiment nécessaires aujourd’hui quand la technoscience soumise à la dictature de l’argent se charge bien, à travers ses prouesses quotidiennes, de détruire peu à peu notre planète et même de s’en prendre de plus en plus à l’Espace. Super-bombardiers, robots, exosquelettes, plateformes volantes, innovations futuristes de ce qu’on ose encore appeler… « notre Défense ».

Des signes d’espoir ne manquent jamais. Aujourd’hui comme hier. Une certaine jeunesse nous en a encore donné la démonstration cette année.

Alors on se rassure à bon compte… ou on se réveille pour de bon ?

Barbarie contre barbarie…

Parmi tous les sons de cloche à la fois tonitruants et parfois dissonants que provoque chaque attentat des djihadistes, il est en tout cas une note suraiguë qui se fait toujours entendre, c’est le mot « barbarie ». Un son de cloche beaucoup plus rare, par contre, celui qu’apporte un lecteur du journal L’Avenir ce matin même :

« Quel est l’intérêt des responsables de nos pays de préciser dans des discours à la TV, dans les journaux et autres, qu’ils envoient un nombre bien précis d’avions dans certaines régions pour bombarder des clans de l’Etat Islamiste ? Ce fut encore le cas ici avec la France, et puis on s’étonne de vivre ce drame de Nice. Nous constatons que cette  façon de voir chacun vanter sa force militaire nous coûte très cher en vies humaines d’innocents. Nous vivons une troisième guerre mondiale… ». (*)

Bizarrement, les plus ignorants sont les chefs d’Etat qui escamotent, à chaque coup, cette réalité basique. Laquelle ne date pas d’aujourd’hui : s’il faut donner une date pas trop reculée dans le temps (c’est tout de même une vieille histoire !), c’est celle que nous rappelions dans notre dernier message du 1er juillet : les accords franco-britanniques signés le 16 mai 1916 pour un partage du Proche-Orient en vue de l’ère post-coloniale.

Mais il est tellement plus simple pour nos  dirigeants de profiter de ces odieux attentats pour jouer aux matamores, aux sauveurs de la patrie, aux héros par procuration, discoureurs infatigables et vaillants défenseurs des valeurs sacrées de la République et autres nations hautement civilisées ! Tout en honorant scrupuleusement les commandes d’armes de nos riches et vertueux clients, notoirement férus de nos valeurs démocratiques.

Mais pourquoi agiraient-ils autrement, ceux que nous avons élus, si tant de citoyens semblent si éloignés et ignorants de leur histoire passée et présente (et là, ce n’est pas de la frime) ? Si le temps du loisir bienvenu, de la détente, de la réflexion est tout entier absorbé par ce défilé ininterrompu de carnavals, festivals, évasions, défonces et autres devoirs de distraction à tout prix ! « Le pain et les jeux du cirque »… encore une vieille histoire.

Depuis longtemps des alternatives existent pourtant au travail-servage, aux loisirs obligatoires et à la démocratie des lobbies. On en parle beaucoup. Beaucoup plus qu’on en vit. Pourtant c’est d’en vivre que le monde pourrait changer. Une « petite foire » de l’agro-écologie au lieu de la « grande foire » de l’agro-productivisme le prochain weekend, oui, un exemple parmi beaucoup d’autres… Mais à connecter, agencer, tresser comme les mailles d’un filet protecteur, salvateur. Qui pourtant ne nous exemptera pas du combat contre l’adversaire, car adversaire il y a. Il est chez nous, il est partout, et ce n’est pas celui dont on parle le plus.

« C’est la négation même de la paix qu’une économie guidée avant tout par le profit,  entraînant le monde dans des guerres  et des conflits permanents. »

                                (Charte de la Coalition luxembourgeoise pour la Paix).


(*) Dans une analyse exploratoire du Réseau Multidisciplinaire d’Études Stratégiques (RMES) sur le remplacement de nos avions de combat, on peut lire : « Ainsi, les F-16 ont été engagés au Kosovo, en Afghanistan, en Libye et en Irak, sans qu’aucune perte matérielle ou humaine n’ait été à déplorer ». Ils ont évidemment oublié d’ajouter « dans les rangs des militaires occidentaux »… Ou alors, Messieurs les grands stratèges, si vous ne dénombrez ni perte humaine et matérielle dans ces régions ennemies (peuplées, là aussi, d’innocentes victimes),quelles folles et stupides dépenses !