Yémen : combien de morts avant que la Belgique ne cesse ses livraisons d’armes ?
Des militants de la CNAPD. (Coordination nationale d’Actions pour la Paix et la Démocratie) ont manifesté ce lundi à Namur et à Seraing. À proximité de l’Élisette, ils ont interpellé le gouvernement de la Région Wallonne (propriétaire à 100 % – rappelons-le – de la FN de Herstal) qui, depuis des années, octroie des licences de ventes d’armes vers l’Arabie saoudite. Un pays engagé depuis 2014 dans une guerre sans quartier chez son petit voisin, le Yémen. Causant à ce jour plus de 60.000 morts, principalement dans la population civile, faisant de ce pays le théâtre de « la pire crise humanitaire au monde », selon le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Stephen O’Brien. Cette estimation du nombre des morts ne comprend que les décès directement causés par la violence guerrière. La CNAPD ajoute que « quelque 85.000 enfants ont aussi perdu la vie en raison des conséquences de cette guerre : la faim et le choléra ».
Le florissant commerce des armes ainsi que de multiples alliances et coalitions nébuleuses nous impliquent en ce moment, citoyens belges, dans des guerres affectant une dizaine de pays, notamment au Moyen-Orient et dans la bande sahélo-saharienne. Sous prétexte de « guerres justes », comme elles le sont toutes aux yeux de ceux qui la font ! Inutile de chercher plus loin. Le « dessous des cartes » c’est, paraît-il, une affaire de spécialistes. Dès lors nous vivons en paix, c’est l’essentiel. Rien n’est capable de rompre le confortable et assourdissant silence dans lequel s’enferment nos élites, qu’elles appartiennent à la sphère politique, économique, médiatique, scientifique, philosophique ou religieuse. À quelques heureuses exceptions près. Notamment dans le monde culturel, objet aujourd’hui de contrôles et de restrictions de plus en plus sévères de la part de nos dirigeants.
Un tel silence, forcément, détermine aussi le manque de réactions des « simples citoyens » mal informés, dispersés aujourd’hui dans de nombreuses et légitimes manifestations, mais sourds et aveugles à nos crimes de guerre. Le mot n’est pas trop fort. Répéterons-nous plus tard, une fois de plus, le fameux « nous ne savions pas » ? Avec la circonstance aggravante qu’aujourd’hui ce ne sont pas les moyens de communication qui nous manquent. Ce message en témoigne… mais évidemment – revers de la médaille – il sera sans doute noyé dans le flot des infos, y compris les plus futiles et les plus toxiques, que favorise précisément la multiplicité de ces moyens. Paradoxe du progrès et de ses merveilles !
Merci, en tout cas, à la CNAPD, à l’association Agir pour la Paix et à quelques autres lanceurs d’alerte qui s’obstinent, envers et contre tout, à témoigner. Dans l’espoir jamais perdu d’une réaction citoyenne qui soit enfin à la hauteur des événements.