MIGRATIONS

« La Turquie vient d’ouvrir les vannes »

C’est une des grandes nouvelles dans la presse écrite et autres informations diffusées par les médias au cours de ce weekend. Le pacte de la honte signé le 18 mars 2016 entre la Turquie et l’Union européenne vient d’être rompu par la Turquie. Ce pacte lui a permis d’encaisser un versement de 3 milliards d’euros, renouvelable à terme, à la condition de retenir loin de l’Europe les nombreux migrants fuyant les guerres décimant la région. Ce pacte déshonorant n’aura-t-il donc finalement servi à rien ?

Il est vrai que la Turquie, qui accueille déjà sur son territoire quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, craint des arrivées supplémentaires, alors que la population rejette de plus en plus leur présence. En outre, elle déplore la perte récente d’au moins 33 militaires dans la région d’Idleb (Nord-Ouest de la Syrie) lors des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie.  Elle a donc décidé de déverrouiller les frontières. Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion en urgence le vendredi soir 28 février.

On sait le chaos qui existe toujours dans certaines régions de la Syrie. On n’en finit pas d’ailleurs de compter le nombre d’alliances et de contre-alliances militaires qui se sont succédé durant ces neuf années de guerres. Les USA, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Russie, le Royaume Uni, la France et bien d’autres pays (dont la Belgique) s’en sont mêlés. Il n’y a que que les marchands d’armes qui en ont largement profité, les usines de notre « petit pays » n’étant pas les dernières à en tirer profit grâce à nos livraisons périodiques transitant par l’Arabie saoudite.

Résultat : en neuf années de guerres, 380 000 morts, dont 115 000 civils à ce jour. Et cinq à six millions de migrants ayant fui le pays, soit le quart de la population syrienne. Et ce n’est pas fini à présent que la Turquie a décidé d’ouvrir largement ses frontières. Des centaines de migrants ont été empêchés vendredi d’entrer en Grèce par le poste frontalier de Kastanies, dans le Nord-Est de la Grèce, a indiqué une source policière grecque. Plusieurs centaines d’autres sont bloqués dans la zone tampon entre la Grèce et la Turquie, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.

Que se passera-t-il dans les prochains jours ?...

Une fois de plus on voit à quel point les guerres pèsent lourd dans l’exode de millions de réfugiés désespérés. Nous savons que nous leur devons un geste d’accueil. Du moins un certain nombre de citoyens généreux le savent, car du côté du Gouvernement c’est très différent : on veut bien batailler là-bas, mais pas question d’en subir les conséquences !

Mais pourquoi parmi tant de manifestations chez nous, en France et autres pays voisins –  en faveur d’indiscutables bonnes causes – l’opposition aux guerres tient-elle si peu de place ? Des guerres dans lesquelles nous sommes pourtant bel et bien impliqués, à la fois par l’envoi sur place de militaires et d’avions de combat et par la production et la vente d’armes légères appréciées dans le monde entier. Comme si la spirale de la violence – quel que soit  le camp – pouvait nous conduire un jour à la paix…

Face aux nombreuses et puissantes coalitions pour la guerre, c’est dire si une modeste coalition pour la paix comme la nôtre a encore du pain sur la planche ! Et à quel point nous dépendons des liens à rendre toujours plus étroits et efficaces avec nos associations-membres ainsi qu’avec les mouvements citoyens qui agissent à l’échelle nationale et internationale.

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