Greta, l’extralucide

« Nous avons décidé de nettoyer votre bordel et nous n’arrêterons pas avant que tout soit propre. »

« Si vous estimez que nous perdons notre temps en brossant les cours, alors dites-vous bien que vous, vous avez perdu des années en ne faisant rien ! ».

« Les adultes disent qu’il faut donner de l’espoir aux jeunes. Je ne veux pas de votre espoir, mais je veux que vous commenciez à paniquer. »

Voilà ce qui s’appelle ne pas mâcher ses mots… Trop de prudents opposants, prétendument réalistes, nous ont enfumés durant des années avec leurs théories des « petits pas » face à un système ravageur que nous n’avons cessé de dénoncer. Au nom de la paix, de la justice sociale et climatique, de la solidarité entre les peuples.

Oui, système ravageur. Greta peut légitimement faire une fixation sur le climat, comme nombre de jeunes aujourd’hui. Mais nous savons qu’il n’y a aucune priorité ni hiérarchie dans « le choix des désastres » qui s’offrent à nous. Car ils ont tous la même origine : une guerre économique implacable, source de toutes les autres.

Quatre siècles de colonialisme triomphant ont permis à l’Europe de régner sur le monde. Jusqu’aux deux guerres mondiales provoquées par ses rivalités internes. Dont le vrai vainqueur fut une puissance étrangère, les États-Unis d’Amérique. Eux-mêmes menacés aujourd’hui par de nouvelles puissances émergentes, capables de rivaliser peu à peu avec eux sur le plan économique et militaire.

Mais voilà… plus de nouvelles terres à coloniser, à conquérir ! Si ce n’est les planètes du système solaire auxquelles il faudrait tout d’abord insuffler un début de vie. De cette vie dont déborde notre Terre avec une abondance jusqu’ici luxuriante. « Jusqu’ici « … puisque maintenant cette richesse de la vie est attaquée de tous côtés. Une planète en voie d’autodestruction, d’auto-dévoration. Il nous reste le mythe de l’homme bionique, de l’intelligence artificielle, des prouesses technologiques. Et même pour quelques exilés volontaires… pourquoi pas la fuite dans l’Espace?

Petits oiseaux, papillons, abeilles, nous n’avons plus besoin de vous. Lions, gazelles, éléphants, girafes, vous prenez trop de place. Coléoptères, mouches, moustiques et autres insectes agaçants, disparaissez. Montagnes, déserts, glaciers, hivers, étés, trop chauds, trop froids, nous allons régler ça…

Alors pourquoi tout ce ramdam sur le climat ?

Nos F-16  viennent de repartir en Afghanistan pour y faire régner l’ordre et la paix à coup de bombes. Nos braves chasseurs ardennais les accompagnent au sol pour des opérations décidées par l’OTAN. En chantant sans doute « Debout sur la frontière aux flancs des noirs coteaux »... à 5000 km de chez nous.

Mais, de nouveau, soyons réalistes : il faut bien maintenir nos voies d’accès aux matières premières et aux ressources énergétiques, les nôtres étant épuisées depuis belle lurette. D’autant que notre modèle productiviste et énergivore en a un impérieux besoin. Tout cela, bien entendu, sous la bannière de la défense des droits humains et de l’idéal démocratique. Dès lors, aucun sursaut d’honnêteté, d’indignation dans notre pays « en paix ».

Greta, tu as encore du boulot, tu sais… Mais nous te faisons confiance. Toi qui, à seize ans, es capable de tutoyer les grands de ce monde et de leur faire bravement la leçon. Fais des émules, des rebelles, des résistants, des persévérants. Après les Indignés, les Nuits debout, les Gilets jaunes  et autres mécontents qui se relaient au fil du temps, que lesmarches pour le Climat riment enfin avec basta, halte-là !

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