Qu’auriez-vous fait en mai 40 ?

Lors des attentats islamistes, on a beaucoup parlé du mal, mais peu des racines du mal.

Parmi celles-ci, se distingue la période coloniale qui n’en finit pas de produire ses effets pervers. Le roman noir de la colonisation continue d’ailleurs à s’éditer et à se vendre à travers de multiples ouvrages. Certains sont même devenus des best-sellers. Sans remonter jusqu’aux Racines du Ciel de Romain Gary, rappelons le récent succès de Congo. Une histoire de notre compatriote David Van Reybroeck (2012). Et plus près de nous encore, le roman historique que vient de publier notre concitoyen luxembourgeois Marcel Godfroid, originaire de St-Hubert, Le Bureau des Reptiles, sur la période coloniale de Léopold II, dont Colette Braeckman, la spécialiste de l’actualité africaine, faisait récemment l’éloge dans le journal Le Soir. (www.lebureaudesreptiles.be).

81uJMy1+rML._SL1500_Curieusement tous ces témoignages n’éveillent guère d’échos dans l’opinion publique. Et encore moins parmi nos dirigeants. On a même essayé en 2005 de parler de « colonisation positive » alors que l’inventaire de ses effets dévastateurs est encore loin d’être clos.

L’auteur algérien Boualem Sansal, qui a reçu en 2013 le grand prix de la francophonie décerné par l’Académie française et dont le dernier ouvrage s’intitule Gouverner au nom d’Allah, a une expression très crue mais qui dit bien  ce qu’elle veut dire :

« Vous nous avez enculés pendant 130 ans, comment voulez-vous qu’ensuite on marche droit ? ».

Mathieu Belezi, dont les ouvrages récents nous parlent aussi des ravages de la colonisation, avouait dans une récente interview de La Libre Belgique:

« Je sens cette censure qui reste dès qu’on parle de la conquête française. Dans certains journaux les journalistes me disent combien ils avaient apprécié mes livres, mais pourtant aucun article n’a paru chez eux. »

Privilégier l’instant pour mieux ignorer l’Histoire ?

L’immédiateté et la superficialité de la « com », si caractéristiques de notre époque, empêchent de plus en plus de relier les événements les uns aux autres. On braque toutes les caméras, tous les micros, tous les scalpels des high tech news sur les horreurs de telle ou telle guerre (on n’a que l’embarras du choix) pour mieux disséquer le calvaire de leurs victimes. Ce qui vient avant et après ?… Pas le temps d’y penser ! Il faut déjà prévoir le prochain épisode du film d’épouvante. Étonnez-vous, après cela, de cette ignorance crasse de l’Histoire et, dès lors, de ses conséquences. Étonnez-vous de ces emballements que provoque la seule force du grand frisson garanti à la fois par l’image et le son, arbitrairement choisis bien entendu en fonction de la « bonne cause » que prétend défendre chacun des camps adverses.

Dès le début de sa campagne d’information 1914-2018, et pour lui donner tout son sens, la Coalition luxembourgeoise pour la Paix a tenu à publier un document démontrant que la guerre mondiale déclenchée en 1914 n’est toujours pas terminée et qu’au contraire elle n’a fait qu’étendre son champ de bataille jusqu’aux confins de la planète et jusqu’aux conflits les plus menaçants de l’actualité.

14-18. Une guerre de cent ans

Notre pays n’a d’ailleurs raté aucune occasion de s’en mêler à la faveur de ses alliances militaires, celles-là mêmes qui, tout récemment encore, l’ont forcé à envoyer ses F16 en Irak et bientôt, annonce-t-on, des troupes au sol.

« Qu’auriez-vous fait en mai 40 ? »

Mais les seules questions qui intéressent les preux chevaliers des temps présents, et qui semblent anesthésier l’esprit critique de nombreux concitoyens, sont du genre: « Qu’auriez-vous fait, vous, en août 1914 ? ». « Qu’auriez-vous fait en mai 1940 ?». « Et si vous aviez été américain le 11 septembre 2001 ? ». « Et que faites-vous aujourd’hui quand les Jihadistes nous attaquent dans nos rues, nos musées, nos cités paisibles ?… ».

Ce jour-là, il est bien temps d’y penser ! Qui sème le vent récolte la tempête : relisons notre histoire. Rappelons-nous les faits relatés dans le document ci-joint. Certes, ce ne sont pas les citoyens qui déclenchent les tempêtes, mais bien ceux qui les dirigent, eux-mêmes dirigés (consciemment ou non) par de sordides puissances d’argent multinationales sous couvert des intérêts supérieurs de la Nation… Un comble !

La guerre économique est et reste le plus puissant ressort de la « guerre tout court ».

Même si elle prend bien soin d’y mêler les stimuli trop humains que sont l’appartenance à une culture, à une nation, à une religion, à une idéologie, bref à tout ce qui peut rendre populairel’affrontement belliqueux qui n’attire pas a priori le brave citoyen.

En ce qui nous concerne, la lourde machinerie militaire de l’OTAN ne tiendrait pas un jour de plus si elle n’abritait, ne protégeait et ne cautionnait les énormes intérêts qui lient les multinationales européennes à celles de leurs partenaires transatlantiques. D’où ces nouveaux accords de libre échange (PTCI, CETA, APE, TISA…) que la vaillante Europe de la Finance s’empresse de négocier en ce moment.

Ne perdons pas espoir. Des résistances s’organisent.

Mobiliseront-elles autant de citoyens que la folle sarabande des carnavals qui déferlent tout au long au de l’année ? Sans parler des Waterloo 2015 et autres glorieuses festivités en hommage à la stupidité et à la barbarie universelles ? La réponse dépend de chacun de nous…
Voici, en tout cas, quelques précieux rendez-vous parmi d’autres :

Merci pour votre aimable attention !

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